La plage horaire est un organisme (ou organe) de recherches artistiques qui questionnent les mises en tension de l’espace et du temps à travers un processus de création nourri par une croyance : la richesse du dérisoire. Cette dernière sous-entend une attention aux petites choses, ces riens qui apparaissent à force d'observation, d'exploration et de sérendipité. On y compte les simili graffitis (rayures involontaires, usures des surfaces), les éclats, les fissures, les aspérités, les craquelures, les taches, les anfractuosités, les petits cailloux, les graines, les débris, les petits objets égarés,... qui témoignent, tous, de la transformation, ou plutôt de l'altération délicate et clandestine du lieu au fil du temps. À la manière des archéologues qui portent une attention particulière au fragment, au petit objet que le commun ignore, il s'agit de repérer cet ensemble de signes potentiels, de traces et d'empreintes, de se tenir à l’écoute de signes infimes et de laisser advenir des fictions poétiques constituées d'indices discrets, où s'instaure le doute entre ce qui était déjà là et ce qui a été apporté. L’espace d’exposition devient alors un lieu critique, où le trouble entre le passé, le présent et le futur s'installe ; où les hypothèses, les questions se confrontent aux certitudes, où les récits s'inventent avec les faits.
Depuis 2013, La plage horaire développe un dispositif de création collective Matière Noire qui fait résonner des démarches artistiques qui s'accordent avec la richesse du dérisoire. Matière Noire se déploie sous la forme d'épisodes qui prennent place dans des espaces vécus par les artistes qui partagent un temps commun de création, prolongé par un moment de présentation sensible enrichie par la présence de visiteurs (L'exposition s'inscrit alors dans la continuité, sans rupture avec les différentes étapes de création).
En résidence AU46, La Plage Horaire choisit de développer l'épisode 5 de Matière Noire en poursuivant, entre autres, ses recherches à propos de Splash, une pièce d'ombres projetées et sonorisées. Ce nouvel épisode tiendra compte de la vie passée, présente et à venir du lieu. Ainsi, Christophe Ladret, musicien multi-instrumentiste et Estelle Kieffer, artiste plasticienne porteront leur attention sur des indices, des présences, des échanges inscrits dans ses espaces.